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Les mots sacrés

Le monde d’après

Quelle époque inédite ! Que ces 8 semaines de confinement ont été challengeantes ! Elles sont venues nous chercher dans toutes nos sphères et dans la structure même de nos vies. Notre rapport à notre liberté, à notre confort, à notre travail, aux personnes qui partagent notre vie, à nos enfants, à notre lieu de vie, à notre rythme, à notre rapport à l’environnement, à notre santé, à nos peurs, à nos espoirs… ce n’est pas facile d’être confronté•e à sa part d’ombre. Cela vient nous chercher là où on préfère s’occuper à travailler / à être devant un écran / à sortir (cocher la case selon). A être hors de soi.

Pourtant c’est un riche enseignement et la traversée peut nous amener une profonde transformation vers un mieux-être. Le mot ‘mort’ fait souvent peur. Mais sans mort, pas de renaissance. La fleur ne reste pas éternellement ouverte, elle fane, se décompose et repousse.
Il en est autant pour les aspects de nos vies.

Ce « déconfinement » est une grande joie pour certain•es, mais une source d’angoisse pour d’autres : Est-ce trop tôt ? Comment va être la vie maintenant ? Qu’allons-nous construire comme monde ? Est-ce-que cela va vraiment changer ?

Nous avons collectivement exploré cette idée du monde d’avant et du monde d’après.

Le monde d’avant est celui qui nous a mené à cette crise sanitaire, devenue sociale et économique : l’exploitation du vivant (animal et végétal), la mondialisation, le système de santé publique en flux tendu ou privatisé, la baisse générale de notre système immunitaire dû au stress, la pollution, la malbouffe….

Et le monde d’après ? Comment est-il ? Il n’est question pour personne (même l’écologiste convaincu) de retourner à l’Age de pierre. Nous avons un autre système à construire, une autre histoire collective à raconter, d’autres façons de fonctionner… Oui ça peut un peu faire flipper de se trouver en bas de cette montagne à gravir sans savoir à quoi elle ressemble. Puis que faire de concret ? A son échelle ? On peut se sentir démuni et impuissant face à l’ampleur de la tâche.

Comme j’aime souvent le dire : on avale la montagne en suçant les cailloux.

Pierre après pierre. Alors quelle pierre allons-nous avaler en premier ? Puis quelle autre ? Et quelle autre ensuite… qui nous mènera à une pierre que nous ne pouvions même pas voir sous le tas.
Est-ce changer son alimentation ? Se reconvertir dans la permaculture ? Etre bénévole dans une association ? Participer à des décisions politiques ? Monter une école alternative ? Toutes ces cases ne sont pas à cocher, bien que ce soient de bonnes idées.
Il faut aller voir en soi, ce qui fait sens, ce qui allume la lumière de notre feu intérieur. Car c’est uniquement en allumant sa lumière qu’on peut allumer celle des autres. Avez-vous déjà essayé de convaincre quelqu’un qui est farouchement opposé à vos idées lors d’un repas entre amis ? Cela ne marche JAMAIS.

La seule solution est d’incarner ce changement dans la joie et la bonne humeur, pour que cette motivation infuse collectivement.

Cela peut sembler décourageant de voir que ça n’avance pas si vite. On voudrait sortir demain et qu’il y ait toujours la même qualité de l’air, le chant des oiseaux et le calme dans les rues. Cela ne sera possible que si individuellement nous prenons nos responsabilités et nous mettons en place des actions qui aillent dans ce sens.

Mon monde d’après à moi, il est beau, je l’adore. C’est l’objectif, le haut de la montagne, le drapeau que j’ai envie d’y déposer à la fin de l’escalade. Une société qui respecte l’ensemble du vivant et qui s’inscrit dans le grand cercle de la vie, comme dirait Mufasa.

Le rythme des cycles est sacré, en laissant la place au repos et à la contemplation, comme à l’exploration et à l’action. La simplicité volontaire est le mot d’ordre : faire mieux avec moins en se reconnectant à nos besoins profonds plutôt qu’à remplir incessamment le vide. Redonner la place au local pour la production, la création, la coopération, le vivre-ensemble. Les personnes retrouvent leur autonomie et leur responsabilité grâce à la reprise en main de leur environnement direct, par la gestion des règles de vie en commun, la production de leur nourriture, l’échange de services … Le travail est une source d’épanouissement dans la réalisation de soi tout en apportant à l’autre ce dont il a vraiment besoin.

Concrètement ?

On pourrait imaginer des journées de travail moins longues et moins remplies, laissant le temps de s’occuper pleinement de sa vie de famille, d’avoir une action sur la vie locale, de participer à l’aide aux plus vulnérables. Les biens seraient largement mutualisés pour ne pas accumuler des objets dont on ne se sert qu’une fois ou 2, mais pour retrouver le besoin d’une fonction, plutôt que le besoin de posséder. Que ce soit une voiture ou une perceuse. On pourrait imaginer des écoles qui apprendraient à être plutôt qu’à faire ou reproduire, qui accompagneraient aussi les parents vers une parentalité plus authentique et connectée. La nourriture serait massivement produite et distribuée localement dans des boutiques, restaurants et cantines qui reviennent à l’essentiel… Encore tant de domaines à réinventer et de solutions à imaginer ! Et certaines existent déjà.

L’être humain est l’animal le plus inventif et surprenant de la création.
Il peut se renouveler, encore et encore.

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